Page:Œuvres complètes de Maximilien de Robespierre, tome 10.djvu/580

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
576
Les discours de Robespierre

vérité et qui consent à mourir pour elle ? Disons donc qu’il existe une conspiration contre la liberté publique ; qu’elle doit sa force à une coalition criminelle qui intrigue au sein même de la Convention ; que cette coalition a des complices dans le Comité de sûreté générale et dans les bureaux de ce Comité qu’ils dominent ; que les ennemis de la République ont opposé ce Comité au Comité de salut public, et constitué ainsi deux gouvernements ; que des membres du Comité de salut public entrent dans ce complot ; que la coalition ainsi formée cherche à perdre les patriotes et la patrie. Quel est le remède à ce mal ? Punir les traîtres, renouveler les bureaux du Comité de sûreté générale, épurer ce Comité lui-même, et le subordonner au Comité de salut public, épurer le Comité de salut public lui-même, constituer l’unité du gouvernement sous l’autorité suprême de la Convention nationale[1], qui est le centre et le juge, et écraser ainsi toutes les factions du poids de l’autorité nationale, pour élever sur leurs ruines la puissance de la justice et de la liberté : tels sont les principes. S’il est impossible de les réclamer sans passer pour un ambitieux, j’en conclurai que les principes sont proscrits, et que la tyrannie règne parmi nous, mais non que je doive les taire ; car, que peut-on objecter à un homme qui a raison et qui sait mourir pour son pays ?

Je suis fait pour combattre le crime, non pour le gouverner. Le temps n’est point arrivé où les hommes de bien peuvent servir impunément la patrie ; les défenseurs de la liberté ne seront que des proscrits, tant que la horde des fripons dominera. »


Les journalistes qui assistaient à la séance en grand nombre se sont montrés moins prompts et moins prolixes que de coutume pour analyser le discours de Robespierre. Sans nul doute le tour des débats les engagea à la prudence et à attendre la publication du texte imprimé[2]. Les plus importants, tels le Moniteur et les Débats, attendirent les n° des 11 au 15 thermidor pour rapporter la discussion. En tenant compte des dates de parution nous avons classé les extraits en 3 groupes.

Le 1er concerne les journaux qui publient une analyse identique, sans aucun commentaire dès le 9 thermidor. Journal de France, n° 670, p. I ; Journal du soir, n° 67 1 , p. 2 ; Journal de Paris, n° 573, p. 23 1 1 ; Sans-culotte, n" 527, p. 2116 ; Journal de la Montagne, t. 111, p. 739.

Le 2e concerne ceux qui, à la même date, font suivre leur mention d’un bref commentaire : Feuille de la République, n" 387, p. I ; Gazette de France, n° 208, p. 832 ; Annales de la République française, n" 238, p. 4 ; Courrier de l’Égalité, t. IX, n° 707, p. 297 ; Mercure universel, XLll. 137 ; Messager du soir, t. Il, n" 706, p. 3[3].

Le 3e concerne ceux qui ont publié dès le 9 ce qu’ils avaient retenu, avec ou sans commentaires ; on en trouvera ci-après, les extraits (p. 577 à 582).


(3)

  1. Fin de l’ex. de la Sorbonne.
  2. Voici en effet ce qu’écrit X. Audouin, le 10 thermidor (Journal universel, n° 1 707, p. 8 239) : « O ma patrie ! Te voilà enfin arrachée à tes plus cruels ennemis, à ce Robespierre que, dès l’année 92, j’avais désigné comme une homme dangereux. Vous allez être bien braves aujourd’hui, journalistes qui n’avez pas osé rendre compte hier de la séance. L’idole est brisée et ses colonnes tombent ». Le cas du Journal de Perlet est net à cet égard. Rendant compte le 9 thermidor, de la séance du 8, il ne rapporte aucun passage du discours de Robespierre (t. XI, n° 672, p. 441-43).
  3. Voici cet extrait : « Robespierre a paru de bonne heure à la tribune pour dévoiler la conspiration dont il a parlé dans une des dernières séances des Jacobins. Mais son discours est d’une telle importance qu’il serait impossible, dans le court espace que nous pouvons lui donner, d’en donner même une idée imparfaite, aussi bien que de la discussion qui l’a suivi. La Convention en a décrété l’impression ».