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Les discours de Robespierre

qu’Hérault, Danton et Hébert étaient des victimes du Comité de salut public, et qu’il fallait les venger par la perte de ce Comité. On voulait ménager les chefs de la force armée ; on persécutait les magistrats de la Commune, (et on parlait de rappeler Pache aux fonctions de maire). Tandis que des représentants du peuple (tenaient hautement ce langage, tandis qu’ils)[1] s’efforçaient de persuader à leurs collègues qu’ils ne pouvaient trouver de salut que dans la perte des membres du Comité, tandis que des jurés du Tribunal révolutionnaire, qui avaient cabale scandaleusement en faveur des conjurés accusés par la Convention, disaient partout qu’il fallait résister à l’oppression, et qu’il y avait vingt-neuf mille patriotes déterminés à renverser le gouvernement actuel, voici le langage que tenaient les journaux étrangers qui, dans tous les moments de crise, ont toujours annoncé fidèlement les complots près de s’exécuter au milieu de nous, et dont les auteurs semblent avoir des relations avec les conjurés. Il faut une émeute aux criminels ; en conséquence, ils ont rassemblé à Paris, en ce moment, de toutes les parties de la République, les scélérats qui la désolaient au temps de Chaumette et d’Hébert ; ceux que vous avez ordonné par votre décret de faire traduire au Tribunal révolutionnaire. On rendait odieux le gouvernement révolutionnaire pour préparer sa destruction. Après en avoir accumulé tous les ordres et en avoir dirigé tout le blâme sur ceux qu’on voulait perdre par un système sourd et universel de calomnies, on devait détruire le Tribunal révolutionnaire ou le composer de conjurés ; appeler à soi l’aristocratie ; présenter à tous les ennemis de la patrie l’impunité, et montrer au peuple ses plus zélés défenseurs comme les auteurs de tous les maux passés. Si nous réussissons, disaient les conjurés, il faudra contraster par une extrême indulgence avec Vétat présent des choses. Ce mot renferme toute la conspiration. Quels étaient les crimes reprochés à Danton, à Fabre, à Desmoulins ? De prêcher la clémence pour les ennemis de la patrie, et de conspirer pour leur assurer une amnistie fatale à la liberté. Que dirait-on, si les auteurs du complot, dont je viens de parler, étaient du nombre de ceux qui ont conduit Danton, Fabre et Desmoulins à l’échafaud ? Que faisaient les premiers conjurés ? Hébert, Chaumette et Ronsin s’appliquaient à rendre le gouvernement révolutionnaire insupportable et ridicule, tandis que Camille Desmoulins l’attaquait dans des écrits satiriques, et que Fabre et Danton intriguaient pour le défendre. Les uns calomniaient, les autres préparaient les prétextes de la calomnie. Le même système est aujourd’hui continué ouvertement. Par quelle fatalité ceux qui déclamaient jadis contre Hébert défendent-ils ses complices ? Comment ceux qui se déclaraient les ennemis de Danton sont-ils devenus ses imitateurs ? Comment ceux qui, jadis, accusaient hautement certains memb

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