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Les discours de Robespierre

peuple ? Ce seul trait explique tout ce qui s’est passé depuis[1]. La première tentative que firent les malveillants fut de chercher à avilir les grands principes que vous aviez proclamés et à effacer le souvenir touchant de la fête nationale. Tel fut le but du caractère et de la solennité qu’on donna à ce qu’on appelait l’affaire de Catherine Théot. La malveillance a bien su tirer parti de la conspiration politique, cachée sous le nom de quelques dévotes imbéciles, et on ne présenta à l’attention publique qu’une farce mystique et un sujet inépuisable de sarcasmes indécents ou puérils. Les véritables conjurés les (sic) échappèrent, et on faisait retentir Paris et toute la France du nom de la mère de Dieu. Au même instant, on vit éclore une multitude de pamphlets dégoûtants, dignes du père Duchesne, dont le but était d’avilir la Convention nationale, le Tribunal révolutionnaire ; de renouveler les querelles religieuses, d’ouvrir une persécution aussi atroce qu’impolitique contre les esprits faibles ou crédules, imbus de quelque ressouvenir superstitieux[2]. En effet, une multitude de citoyens paisibles et même de patriotes ont été arrêtés à l’occasion de cette affaire ; et les coupables conspirent encore en liberté ; car le plan est de les sauver, de tourmenter le peuple et de multiplier les mécontents[3].

  1. Lignes raturées : « A considérer la nature de leur colère, les moyens et l’objet de la ligue, on eût cru voir les pygmées renouveler la conspiration des Titans. C’est depuis cette époque que les manœuvres dont j’ai parlé se sont développées. Si le trait dont j’ai à parler n’était pas propre à répandre la plus vive lumière sur les vues de la coalition, je me garderais bien de rappeler certains faits scandaleux arrivés au sein même de la fête de l’Être suprême, car un sentiment impérieux de pudeur ne me permettrait pas d’avouer que des représentants du peuple ont répondu par les cris de la fureur aux touchantes acclamations du peuple ; que le président de la Convention nationale parlant au peuple, fut insulté par des injures grossières et les grossiers sarcasmes de quelques autres, et les courses de ceux qui, cherchant des crimes à celui qu’ils voulaient perdre dans les signes de l’allégresse publique, allaient répandre le poison de la terreur et les soupçons en disant : Voyez-vous comme on l’applaudit ? « On n’oublia rien pour effacer les impressions salutaires qu’avait produites la fête de l’Être suprême. La première tentative fut le rapport de Vadier, rapport où une conspiration politique profonde a été déguisée sous le récit d’une farce mystique et sous des plaisanteries assez déplacées. » (Note orig.)
  2. Lignes raturées : « Enfin, de multiplier les chances des assassins en réveillant le fanatisme, tandis que l’on détournait l’attention publique des véritables conspirateurs qui conduisaient eux-mêmes toute cette trame. » (Note orig.)
  3. Lignes raturées : « L’affection insolente avec laquelle l’aristocratie cherchait à précipiter le jugement de ce procès, et à en faire l’objet d’un scandale public ou d’une comédie ridicule, eût suffi seule pour dévoiler ce projet ; mais il est encore prouvé par les faits les plus positifs et les plus multipliés. Cependant l’agent national de la Commune, pour avoir fait arrêter, d’après le vœu du Comité de salut public, quelques agents de ces manœuvres, a été réprimandé et menacé par le Comité de sûreté générale. Ce dernier Comité a encore dénoncé l’accusateur public pour avoir remis les pièces de cette affaire au Comité de salut public, qui avait senti la nécessité de l’approfondir avec plus de sagacité. On a voulu surtout dans ces derniers temps multiplier les mécontents, et toujours les vexations ont