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Séance du 8 thermidor An II

l’athéisme et l’immoralité ; quand tant d’autres gardaient un silence criminel sur les forfaits de leurs complices, et semblaient attendre le signal du carnage pour se baigner dans le sang des représentants du peuple ; quand la vertu même se taisait, épouvantée de l’horrible ascendant qu’avait pris le crime audacieux ? Et à qui étment destinés les premiers coups des conjurés ? Contre qui Simond conspirait-il au Luxembourg ? Quelles étaient les victimes désignées par Chaumette et par Ronsin ? Dans quels lieux la bande des assassins devait-elle marcher d’abord en ouvrant les prisons ? Quels sont les objets des calomnies et des attentats des tyrans armés contre la République ? N’y a-t-il aucun poignard pour nous dans les cargaisons que l’Angleterre envoie à ses complices en France et à Paris ? C’est nous qu’on assassine, et c’est nous qu’on peint redoutables ! Et quels sont donc ces grands actes de sévérité qu’on nous reproche ? Quelles ont été les victimes ? Hébert, Ronsin, Chabot, Danton, Delacroix, Fabre d’Églantine, et quelques autres complices. Est-ce leur punition qu’on nous reproche ? Aucun n’oserait les défendre. Mais, si nous n’avons fait que dénoncer des monstres dont la mort a sauvé la Convention nationale et la République, qui peut craindre nos principes, qui peut nous accuser d’avance d’injustice et de tyrannie, si ce n’est ceux qui leur ressemblent ? Non, nous n’avons pas été trop sévères : j’en atteste la République, qui respire ! j’en atteste la Représentation nationale environnée du respect dû à la représentation d’un grand peuple ! j’en atteste les patriotes qui gémissent encore dans les cachots que les scélérats leur ont ouverts ! j’en atteste les nouveaux crimes des ennemis de notre liberté, et la coupable persévérance des tyrans ligués contre nous ! On parle de notre rigueur, et la patrie nous reproche notre faiblesse. Est-ce nous qui avons plongé dans les cachots les patriotes, et porté la terreur dans toutes les conditions ? Ce sont les monstres qui nous ont accusés. Est-ce nous qui, oubliant les crimes de l’aristocratie et protégeant les traîtres, avons déclaré la guerre aux citoyens paisibles, érigé en crimes ou des préjugés incurables, ou des choses indifférentes, pour trouver partout des coupables, et rendre la Révolution redoutable au peuple même ? Ce sont les monstres que nous avons accusés. Est-ce nous qui, recherchant des opinions anciennes, fruit de l’obsession des traîtres, avons promené le glaive sur la plus grande partie de la Convention nationale, demandions dans les Sociétés populaires la tête de six cents représentants du peuple ? Ce sont les monstres que nous avons accusés. Aurait-on déjà oublié que nous nous sommes jetés entre eux et leurs perfides adversaires dans un temps où l’on...[1] Vous connaissez la marche de vos ennemis. Ils ont attaqué la Convention nationale en masse ; ce projet a échoué. Ils ont attaqué le

  1. Il existe ici, dans le manuscrit, une lacune qui laisse cette phrase imparfaite. (Note orig.)