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Séance du 8 thermidor An II


soit respectée et pour que Couthon nomme les six représentants qu’il semble vouloir proscrire. Mais ce dernier déclare «qu’il donne sa démission de membre du Comité de salut public plutôt que d’être soupçonné de prendre part à des mesures d’arrestation contre ses collègues»[1]. Robespierre ne consent pas davantage à désigner ceux qu’il suspecte.

Le débat ayant repris sur l’envoi du discours aux communes, Bentabole, Charlier, Amar, Thirion et Bréard s’y opposèrent. La Convention écarta toutes les autres propositions par l’ordre du jour et décréta que le discours de Robespierre serait seulement distribué à ses membres.


Discours prononcé par Robespierre, à la Convention nationale, dans la séance du 8 thermidor... trouvé parmi ses papiers par la commission chargée de les examiner[2].


Citoyens,

Que d’autres vous tracent des tableaux flatteurs ; je viens vous dire des vérités utiles. Je ne viens point réaliser des terreurs ridicules répandues par la perfidie ; mais je veux étouffer, s’il est possible, les flambeaux de la discorde par la seule force de la vérité. Je vais dévoiler des abus qui tendent à la ruine de la patrie et que votre probité seule peut

  1. Cf. Gazette historique..., n» 210 ; Annales de la République française, t. IV, n° 238, p. 4.
  2. L’impression fut décidée par un nouveau décret du 30 thermidor an II. «La Commission chargée de l’examen des papiers des conspirateurs, après avoir entendu la lecture et collationné la copie qu’un de ses membres a faite du discours de Robespierre arrête qu’elle sera livrée à l’impression... Paris 11 fructidor... Signé : Guffroy (président), Lecointre, Clauzel, Calés, Massieu, J. Esprit » (note manuscrite en tête de l’édition de la Sorbonne). Il existe en effet deux éditions l'une de 44 p. (B.N., 8° Le 38869 ; Arch. nat., AD1 109 ; Bibl. Ch. des Députés, coll. Portiez de l’Oise, t. 199, n° 1 et t. 362, n° 18 ; Bibl. V. de P., nos 22 518, 601 296, 968 425, 968 766, n° 7), l’autre de 49 pages (Bibl. Sorbonne, HFr 140). Cette dernière comprend deux pages de titre écrites sur une feuille du manuscrit de Robespierre portant le passage suivant : «toute l’autorité étoit tombée dans quelques mains qui ont voulu la conserver et l’augmenter par la ruine de tout ce qui pouvait réprimer la puissance arbitraire. Je ne conclus pas contre ceux que j’ais nommés ; je désire qu’ils se justifient et que nous devenions plus sages». Elle est constituée par un jeu d’épreuves sur lequel la Commission a reproduit à la main les corrections qui figuraient sur le brouillon de la main de Robespierre. Ce brouillon couvert de ratures et de renvois fut remis, d’après Hamel (III, 720-21 et 733) qui l’a examiné, à la famille Duplay après Thermidor. Voir à ce propos, séance suivante (n° 143). Dans l’édition de la B.N. les corrections ont été imprimées en notes au texte primitif. Nous avons adopté le même procédé, mais nous signalons en même temps les variantes par rapport à l’édition de la Sorbonne (Sorb.) Le discours du 8 thermidor a été reproduit dans Conservateur décadaire..., t. II, n° 12 et 13, p. 380-430, puis par Laponneraye, III, 689 ; par Bûchez et Roux, t. XXXIII, p. 406-448 ; dans Choix de rapports, opinions et discours, t. XIX, p. 266-309 ; dans Mémoires de René Levasseur, t. III, p. 285-352 ; par Ch. Vellay, p. 379-427 ; par Aulard, VI, 246-281. Extraits dans J. Poperen, t. III, p. 181 ; M. Bouloiseau, p. 287 et s. E. Hamel analyse ce discours d’après le manuscrit de Robespierre (III, 720-733) en mettant en italique les passages omis par Courtois. Nous avons suivi sa méthode.