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Les discours de Robespierre

S38 LES DISCOURS DE ROBESPIERRE

charlatanisme coupable qui l’a dictée ; dans tous les cas, la Société des Jacobins ne doit point s’exposer à une méprise de ce genre. Je demande le rapport de l’arrêté. »

2® intervention : Pour quon fasse un choix

dans la correspondance à lire à la tribune.

Une autre lettre relate le trait d’uii jeune soldat de 19 ans qui, ayant eu l’avant-bras fracassé au cours d’un combat, déclara vouloir conserver l’un des os dont on l’avait amputé « pour faire un manche à son couteau ». On applaudit. Malgré l’intervention de Robespierre qui interrompit la lectiure de cette lettre, le président (Léonard Bourdon) (1) invita à en achever l’audition. La Société se rangea à l’avis de Robespierre. Annales de la République française, n.o 238, p. 2 ; Abréviateur universel, t. V, n° 572, p. 2286 ; Correspondance politique..., t. III, n° 88, p. 2 (2). « Robespierre a pris la parole : Il est évident, a-t-il dit, que le mot que vous venez d’applaudir est controuvé ; il doit plutôt exciter l’horreur que l’admiration ; ces paroles font frémir, elles ne sont donc jamais sorties de la bouche d’un héros républicain. On ne met point assez de choix dans les pièces de la correspondance qui vous sont présentées, & des lectures fastidieuses & rebutantes consument un temps précieux. Je demande que la correspondance soit à l’avenir triée avec plus de soin (Adopté). »

[Intervention du président.]

« La Société, s’écrie Robespierre, a adopté mon observation ; il est donc étonnant que le président dise avec un ton de mépris de continuer la lecture. Je prie la Société de vouloir bien maintenir ma proposition ( Applaudissemens) . »

Courrier de V Egalité, t. IX, n» 707, p. 300 ; Feuille de la République, nP 886, p. 2 ; Journal de la Montagne, t. III, n» 92 (3).

« La correspondance ofïroit deux lettres dont le contenu devoit faire douter de la vérité ; Robespierre en a fait sentir le ridicule, et il a demandé que la Société invitât le lecteur (4) à mettre plus de choix dans les passages qu’il lui communiquera désormais, et qu’elle ne permît plus que l’on occupe ses momens les plus précieux et les plus intéressans, par des lectures fastidieuses et souvent contraires à l’esprit public. Ces observations ont été accueillies. » Mention dans Journal de Perlet, t. XI, n° 672, p. 448. (1) On sait quel rôle joua Léonard Bourdon dans la chute des Robespierristes. (2) Extrait dans G. Walter, éd. définitive, II, 822. (3) Reproduit dans Aulard, VI, 237 ; et Bûchez et Roux, XXXIII, 886. (4) Il s’agit du secrétaire de séance chargé de cette lecture.