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LES DISCOURS DE ROBESPIERRE

sur lui ne découvrent dans ses yeux son âme toute entière ; & qu’en dépit de la nature, qui les a cachés, on n’y lise ses pensées ? Un homme sensé doit juger que la crainte est le seul motif de la conduite de Fouché ; or l’homme qui craint les regards de ses concitoyens est un coupable. » Robespierre termina son discours par affirmer que Fouché étoit un imposteur vil & méprisable ; & Fouché fut presque aussitôt exclu de la Société des Jacobins. On regarde cette exclusion comme un présage certain que Fouché sera du nombre des représentans que l’opinion publique désigne comme devant être bientôt envoyés au Tribunal révolutionnaire. »

Extraits dans Feuille de la République, n° 377, p. 3-4 ; Annales de la République française, t. IV, n° 227, p. 1-2 ; Journal du matin, t. IV, 1er thermidor, p. 3 ; Journal de Perlet, t. XI, n° 662, p. 368, n° 663, p. 375-376.



Société des Amis de la Liberté et de l’Égalité

138. SÉANCE DU 28 MESSIDOR AN II (16 JUILLET 1794)


1re intervention : Sur l’abus des principes par les Sociétés populaires.

Au début de la séance, il est donné lecture de la correspondance, émanant en particulier des Sociétés affiliées. Celle de Bayonne annonce qu’elle a exclu de son sein tous les faillis. Robespierre prend alors la parole. Il propose que le comité de correspondance écrive à cette Société dans le sens des observations qu’il vient de présenter ; sa proposition est adoptée à l’unanimité[1].

Journal de la Montagne, t. III, n° 83, p. 673-74[2] ; Gazette française, 2 thermidor, p. 2548-49 ; Courrier républicain, t. V, n° 262, p. 157-160 ; Messager du soir, n° 699, p. 1-2 ; Abréviateur universel, n° 566, p. 2262.

« Robespierre. Citoyens, il faut saisir tous les exemples qui se présentent de l’abus que l’on fait des principes, et cet abus se manifeste dans l’adresse que l’on vient de vous lire. Voyez la direction que prend le zèle révolutionnaire de la Société de Bayonne ; elle s’occupe d’exclure de son sein, qui ? les conspirateurs, les nobles, les Hébertistes ? Non, mais ceux qui n’ont pas été assez riches dans un moment de Révolution pour pouvoir payer leurs dettes. Ainsi ce ne sont pas les crimes que l’on veut punir, mais l’infortune. Une sévérité plus grande est exercée contre un négociant qui aura été malheureux, que contre l’aristocratie elle-même. Vous devez appercevoir l’intention de cette démarche : je parierois qu’il y avoit à Bayonne quelque négociant patriote à persécuter.

  1. Le compte rendu de cette séance ne figure pas au Moniteur.
  2. Aulard, VI, 222. Mention dans G. Walter, p. 740.