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SÉANCE DU 26 MESSIDOR AN II

Il ne dira pas que ce sont les principes de la Convention qu’il a professés ; l’intention de la Convention n’est pas de jetter la terreur dans l’âme des patriotes, ni d’opérer la dissolution des Sociétés populaires. Quelle ressource nous resteroit-il, si, tandis que des conjurés conspirent et préparent des poignards pour nous assassiner, nous ne pouvions parler en présence des amis de la liberté.

Robespierre déclare ensuite que Fouché est un imposteur vil et méprisable, que sa démarche est l’aveu de ses crimes, et que la conduite qu’il tient est semblable à celle des Brissot et des autres scélérats, qui calomnient la Société dès qu’ils en sont chassés ; il assure que jamais la vertu ne sera sacrifiée à la bassesse, ni la liberté à des hommes dont les mains sont pleines de rapines et de crimes.

Je ne veux rien ajouter, dit-il en terminant ; Fouché s’est assez caractérisé lui-même. J’ai fait toutes ces observations, afin que les conspirateurs sachent une bonne fois que jamais ils ne doivent espérer d’échapper à la surveillance du peuple.

[……][1]

(Tolède et Dessyrier montent à la tribune).

Robespierre fait observer que ces deux citoyens détournent, sans le vouloir, l’attention de dessus Fouché, et que sa cause ne doit pas être commune avec la leur. Il rappelle que toujours les conspirateurs ont cherché à se sauver, en s’accostant des patriotes purs ; il invite en conséquence Tolède et Dessyrier à ne pas interrompre une discussion dans laquelle ils ne sont pour rien. »

Gazette de Leyde, n° 63, p. 3.

« La manière dont Robespierre s’est expliqué dans une des dernières séances des Jacobins contre le représentant Fouché, donne lieu de penser qu’on verra placé parmi les accusés ce législateur, qui s’est signalé par sa mission dans la Vendée, par les mesures qu’il a adoptées à l’égard des Royalistes faits prisonniers et par les comptes qu’il en a rendus de loin en loin à la Convention. Dénoncé depuis peu aux Jacobins par Robespierre, il avoit écrit de Nantes à cette Société, pour la prier de suspendre son jugement, jusqu’à ce que les Comités de la Convention eussent fait leur rapport sur sa conduite politique et privée : Mais à la séance où sa lettre fut lue, Robespierre en prit occasion de s’élever encore plus fortement contre lui. Il se plaignit de ce que Fouché avoit l’air d’implorer le secours de la Convention contre les Jacobins : Il prétendit trouver dans sa marche de la ressemblance avec la conduite des Hébert & des Chaumette. « Craint-il, ajouta Robespierre, les yeux et les oreilles du Peuple ? Craint-il, que sa triste figure ne présente visiblement le crime ; que six mille regards fixés

  1. Sur la motion d’un membre, Fouché est exclu.