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107. - SÉANCE DU 11 GERMINAL AN II (31 MARS 1794)
Contre la comparution a la barre de Danton, détenu

Après l’exécution du groupe Cordelier (4 germinal an II), les Indulgents crurent leur heure arrivée. Dès la fin de ventôse, ils avaient accentué leur pression ; le n» 7 du Vieux Cordelier qui fut saisi, dressait un violent réquisitoire contre la politique du Comité de salut public. Mais le Comité, qui ne frappa les Exagérés qu’après beaucoup d’hésitations, n’entendait pas se laisser déborder. Déjà, le 28 ventôse (18 mars), la Convention avait décrété d’accusation les députés compromis dans l’aJÉfaire de la Compagnie des Indes : Fabre d’Églantine, Basire, Chabot et Delaunay. Billaud-Varenne et CoUot-d’Herbois, inquiets de la proscription d’Hébert et de ses amis, soutenus par le Comité de sûreté générale, finirent par convaincre Robespierre hésitant. Dans la nuit du 9 au 10 germinal (29-30 mars), Danton, Camille Desmoulins, Delacroix et Philippeaux furent arrêtés. Le 11 germinal, dès l’ouverture de la séance de la Convention, Delmas, représentant de la Haute-Garonne, demande que les membres des Comités de gouvernement soient invités à se rendre sur-le-champ dans l’Assemblée ; sa proposition est adoptée. Legendre prend la parole sur les arrestations qui viennent d’être opérées : il demande que les représentants arrêtés soient traduits à la barre, « où vous les entendrez, et où ils seront accusés ou absous par vous. Je crois Danton aussi pur que moi »... « Je demande en conséquence qu’avant que vous entendiez aucun rapport, les détenus soient mandés et entendus » [1]. Fayau, représentant de la Vendée, s’oppose à la proposition de Legendre : que la Convention n’admette point à la barre les détenus, mais qu’elle entende le rapport de ses Comités. Robespierre prend la parole : il demande la question préalable sur la proposition de Legendre. Ce dernier intervient à nouveau : « Si j’ai fait la proposition que le préopinant a combattue, c’est qu’il ne m’est pas démontré encore que les détenus soient coupables comme cela peut être démontré à ceux qui ont les preuves sous les yeux ; au reste, je n’entends défendre ici aucun individu ». Barère intervient à son tour : « J’ai dit que vous ne donneriez pas l’exemple d’un sénat aristocratique dont les membres auraient plus de droits que les autres citoyens ». La proposition de Legendre n’eut pas de suite.

Gazette nationale, ou le Moniteur universel, n° 192, p. 776 Mon., XX, 95. Analyse dans G. Walter, p. 898. Reproduit par Lapon-NERAYE, III, 593 et Bûchez et Roux, XXXII, 69. Voir E. Hamel, III, 476-480. ; Journal des Débats et Décrets, n° 558, p. 182 (Quelques variantes) [2].

« Robespierre. A ce trouble, depuis long-tems inconnu, qui règne dans cette Assemblée ; aux agitations qu’ont produites les premières paroles de celui qui a parlé avant le dernier opinant, il est aisé de s’apercevoir en effet qu’il s’agit ici d’un grand intérêt ; qu’il s’agit de savoir si quelques hommes aujourd’hui doivent l’emporter sur la patrie. Quel est donc ce changement qui paraît se manifester dans les principes des membres de cette Assemblée, de ceux sur-tout qui

  1. Mon., XX, 95. Voir E. Hamel, III, 461-476.
  2. Reproduit dans Arch. parl., LXXXVII, à la date.