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Oui, ces perfides émissaires qui nous parlent, qui nous caressent, ce sont les frères, ce sont les complices des satellites féroces qui ravagent nos moissons, qui ont pris possession de nos cités et de nos vaisseaux achetés par leurs maîtres, qui ont massacré nos frères, égorgé sans pitié nos prisonniers, nos femmes, nos enfans, les représentans du peuple français. Que dis-je ? Les monstres qui ont commis ces forfaits sont {g) moins atroces que les misérables qui déchirent secrètement nos entrailles ; et ils respirent, et ils conspirent impunément ! (h) Ils n’attendent que des chefs pour se rallier ; ils les cherchent au milieu de vous. Leur principal objet est de nous mettre aux prises les uns avec les autres. Cette lutte funeste releveroit les espérances de l’aristocratie, renoueroit les trames du fédéralisme ; elle vengeroit la faction girondine de la loi qui a puni ses forfaits ; elle puniroit la Montagne de son dévouement sublime ; car c’est la Montagne, ou plutôt la Convention qu’on attaque, en la divisant, et en détruisant son ouvrage.

Pour nous, nous ne ferons la guerre qu’aux Anglais, aux Prussiens, aux Autrichiens, et à leurs complices. C’est en les exterminant que nous répondrons aux libelles. Nous ne savons haïr que les ennemis de la patrie.

Ce n’est point dans le cœur des patriotes ou des malheureux qu’il faut porter la terreur ; c’est dans les repaires des brigands étrangers où l’on partage les dépouilles et où l’on boit le sang du peuple français. Le Comité a remarqué que la loi n’étoit point assez prompte pour punir les grands coupables. Des étrangers, agens connus des rois coalisés ; des généraux teints du sang des Français, d’anciens complices de Dumouriez, de Custine et de Lamarlière, sont depuis long-tems en état d’arrestation et ne sont point jugés.

Les conspirateurs sont nombreux ; ils semblent se multiplier, et les exemples de ce genre sont rares. La punition de cent coupables obscurs et subalternes est moins utile à la liberté, que le supplice d’un chef de conspiration.

Les membres du Tribunal révolutionnaire, dont en général on peut louer le patriotisme et l’équité, ont eux-mêmes indiqué au Comité de salut public les causes qui quelquefois entravent sa marche sans la rendre plus sûre, et nous ont demandé la réforme d’une loi qui se ressent des temps malheureux où elle a été portée. Nous proposerons d’autoriser le Comité à vous présenter quelques changemens à cet égard, qui tendront également à rendre l’action de la justice plus propice encore à l’innocence, et en même-temps inévitable pour le crime et pour l’intrigue. Vous l’avez même déjà chargé de ce soin, par un décret précédent (1).

(1) Voir ci-des8U8, séance du 8 bnimaire, nP 55.