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la ville d’Arras une poésie qui valait bien celle où on lui souhaitait la bienvenue :

Respectable séjour de ces vertus antiques,
Et de ce goût du vrai, l’honneur des premiers temps,
Terre où vont refleurir les arts les plus brillants
Et qui verras ton nom, aux fastes poétiques,
        Parmi les temples des talents.
Si quelques succès dus à la seule indulgence,
        M’ont pu mériter les regards
De ceux de tes enfants qu’unit l’amour des arts.
        Jouis de ma reconnaissance,
Et contemple avec moi, dans ces mêmes succès,
        Les monuments de tes bienfaits.
L’un de tes Citoyens, aux lieux de ma naissance
Daigna former, instruire et guider mon enfance.
Il m’apprit à penser. Il m’apprit encor plus.
En ouvrant à mes yeux les routes du génie,
Il éclairait mes pas du flambeau des vertus.
       Mon âme enfin est son ouvrage.
Ses talens et ses mœurs avaient été le tien.
Ce titre et tes lauriers t’assurent mon hommage
       Et sur le plus lointain rivage
Je porterai pour toi le cœur d’un citoyen[1].


Un académicien arrageois, Harduin, n’avait pas voulu laisser passer d’aussi aimables compliments sans exprimer au poête amiénois la gratitude des habitants d’Arras, très fiers d’apprendre qu’un de leurs compatriotes — le Père Lagneau — avait quelque peu contribué à former le cœur et cultiver l’esprit du poète.

Toi qui sais manier le sceptre et la houlette.
Toi qui fais résonner la lyre et la musette
Chantre enjoué de l’oiseau de Nevers,
Peintre touchant des malheurs d’Eugénie,
      Sublime et facile génie,
Avec transport j’ai lu les vers

  1. Œuvres choisies de Gresset, précédées d’une appréciation littéraire par La Harpe. Paris, Garnier, in-8o, p. 238.