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Discours adressé[1]
a Messieurs de la Société littéraire de Metz sur les questions suivantes proposées pour sujet[2]
d’un prix qu’elle doit décerner au mois d’août 1784.


Quelle est l’origine de l’opinion qui étend sur tous les individus d’une même famille, une partie de la honte attachée aux peines infamantes que subit un coupable ? Cette opinion est-elle plus nuisible qu’utile ? et dans le cas où l’on se décideroit pour l’affirmative, quels seroient les moiens de parer aux inconvéniens, qui en résultent.


Quod genus hoc hominum : quaeve
hunc tam barbara morem permittit
patria ?
Virg. Æneid.


Messieurs,

C’est un sublime spectacle de voir les compagnies sçavantes, sans cesse occupées d’objets utiles à l’intérêt[3] public, inviter le génie, par l’appas des plus flatteuses récompenses à[4] combattre les abus qui troublent le bonheur de la société. Ce préjugé impérieux[5], qui voüe à l’infamie les parens des malheureux, qui ont encouru l’animadversion des loix sembloit avoir échappé jusques ici à leur attention ; vous avez eu la gloire, Messieurs, de diriger[6] les premiers vers cet objet intéressant les travaux de ceux qui aspirent aux couronnes académiques. Un sujet si grand a éveillé l’attention du public ; il a allumé parmi les gens de lettres une noble émulation : heureux ceux qui ont reçu de la nature les talens[7] nécessaires pour le traiter d’une manière qui réponde à son importance, et[8] digne de la

  1. Edition de 1785 : couronné.
  2. du prix de l’année 1784
  3. au bien public.
  4. à frapper les préjugés qui.
  5. Cette opinion impérieuse.
  6. de tourner.
  7. le génie
  8. qui soit digne.