Il vit, sa famille est contente.
Qu’a-t-il à désirer ? Rien. Pendant tout le cours
Du long jour de sa vie, il vit, travaille, et chante :
Lui seul peut être heureux, et lui seul l’est toujours.
LOIN D’ICI LA CÉRÉMONIE…[1]
Loin d’ici la cérémonie
Avec la morne dignité.
Que les plaisirs et la folie
Accourent avec la gaieté.
Aux jeux de cette fête aimable
Aucun profane n’est admis ;
Mes yeux autour de cette table
Ne voient qu’une troupe d’amis
Vainement un Crésus stupide
Me donne un superbe festin :
À sa table l’ennui préside,
L’ennui plus cruel que la faim.
Toutefois sa magnificence
À nos yeux ne déplairoit pas
Si son importune présence
Ne gatoit ses meilleurs repas.
Ici tout conspire à nous plaire,
L’aimable amitié, le bon vin,
La liberté, la bonne chère;
Surtout le maitre du festin.
Son humeur, sa mine fleurie
Sçavent inspirer la gaieté
Mieux que cette liqueur chérie
Qu’on nous verse à coup répété.
- ↑ Pièce publiée par M. Lucien Peise, Quelques vers de Maximilien Robespierre, p. 27.