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  Joyeux, les voit-ils[1] exaucés ?
  Aussitôt la reconnaissance
  Dit : Je vis, Dieu bon ! c’est assez
  Qu’ai-je besoin de l’opulence ?

  Son cœur pur ne connaît jamais
Les craintes, le tourment d’un misérable avare.
Si d’un travail trop long le dangereux excès
Le fatigue, l’épuise, eh bien ! la nuit répare
  Tous les maux que le jour a faits.
Il ne voit pas en songe une effrayante image,
  Et du meurtre et du brigandage,
  Il veille en sage, il dort en paix.

 La brillante rosée inonde et couvre encore
  Les fruits, la verdure et les fleurs.
  Du sommeil quittant les douceurs,
  Il se lève, il prévient l’aurore.
Et, saluant le jour qui vient blanchir les cieux,
Il reprend ses travaux et ses propos joyeux.

Il n’est point des remords la renaissante proie.
  Ni le crime, ni la terreur
Ne troublent un moment son innocente joie.
Chaque idée est pour lui l’image du bonheur ;

  1. De la note qui accompagnait la première publication du poème, nous extrayons les lignes suivantes :

    « Cette poésie a été publiée pour la première fois dans Le Censeur universel anglais (p. 152) du samedi 12 août 1786. À cette époque, il y avait donc quatre ans que Robespierre avait été reçu avocat et qu’il exerçait à Arras. L’homme champêtre est dédié à miss Orptelia Mondlen, que Maximilien avait rencontrée, dit-on, à Paris et dont il avait été épris, comme il avait été du reste amoureux de Madame Dugazon.


    « L’homme champêtre, comme le madrigal à Orphelia, est signé M. Drobecq ; il est à supposer que Maximilien avait pris cet anagramme imparfait de son nom pour signer ces fantaisies poétiques n’ayant aucune prétention aux jugements de la postérité et qui n’ont d’importance pour nous que par le rôle considérable joué par le grand orateur dans les événements révolutionnaires. »


    Nous suivons l’édition de M. Jean-Bernard qui a, sans doute, reproduit les fautes du texte primitif.