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l’associer a ses travaux, et dont les vues sont toujours dirigées du côté des découvertes utiles[1]

Passionné pour la vérité qui se cache aux yeux du vulgaire, et ne se montre même à l’homme de génie qu’après qu’il s’est livré à des recherches constantes et pénibles, il attendait avec impatience que des circonstances plus favorables lui permissent de voyager. Ce n’était pas pour satisfaire une vaine curiosité, mais pour aller recueillir, comme les Solon, les Descartes et les Montesquieu, chez les peuples les plus éclairés, des connaissances utiles à ses concitoyens. Il avait une ame trop active pour se borner à de simples méditations, toujours trop lentes pour le génie qui veut comparer et saisir les grands résultats. Il voulait interroger les nations, étudier, observer leurs gouvernemens et leurs lois, chercher les savans de tous les pays, puiser, dans leur commerce et leur entretien des lumières que la réflexion ne donne pas toujours.

Pourquoi faut-il qu’une vie trop courte l’ait empêché d’exécuter ce projet ? Quel fruit nous aurions recueilli de ses voyages ! Quels regrets ne nous laissent point ses lettres sur l’Italie, où il peint avec cette énergie qui lui est propre, les profondes impressions faites sur son ame, à la vue de ces lieux autrefois habiles par les maîtres de l’univers !

Cet ouvrage d’un genre neuf a été beaucoup critiqué ; on a même cherché à le déprécier ; et c’est déjà d’un heureux présage. L’envie ne déchire que ce qu’elle croit pouvoir devenir un droit à la gloire et un titre aux hommages de la postérité. Il n’y a que les hommes d’un goût solide, d’un esprit juste, d’une culture raisonnée, qui osent s’élever au-dessus de l’opinion vulgaire, et trouver les beautés là où elles se font remarquer.

  1. L’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux fut jalouse de s’associer à M. Dupaty. Il y fut reçu le 9 février 1769. En 1770, il proposa pour sujet d’un prix que l’Académie aurait à distribuer, l’éloge de Michel de Montaigne, et il demanda d’en faire les fonds. C’est ainsi qu’il portait partout la générosité et l’enthousiasme pour les lettres, et qu’il donnait l’exemple rare de faire servir la fortune à la gloire des talens et aux progrès des vertus.