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les mœurs : il a le courage d’éclaircir le cahos de toutes les matières que renferme notre Jurisprudence : il parcourt avec les yeux d’un philosophe ce champ immense, souvent stérile, et qui n’offre presque toujours que des dégoûts à l’homme de génie.

Faire triompher la justice de tous les obstacles dont la méchanceté des hommes s’efforce de l’envelopper, écarter les nuages que la cupidité et le vil intérêt cherchent à répandre sur elle, lu démêler à travers le choc des opinions, faire une étude profonde du cœur humain, connaître les ressorts auxquels les passions peuvent donner du mouvement, découvrir la vérité, souvent cachée dans le labyrinthe des procédures, la saisir et la montrer avec ce courage qui ne craint rien, l’embellir des charmes de l’éloquence pour lui attirer plus de partisans, confondre l’erreur et le mensonge, qui voudraient se décorer de son nom et se parer de ses avantages ; enfin, suppléer, par la réflexion, aux progrès tardifs de l’expérience : tels sont les grands objets auxquels M. DUPATY consacre ses veilles et ses travaux.

Vous qui l’avez entendu ; qui êtes venus mêler vos applaudissemens à tous ceux dont retentissait le temple de la justice lorsqu’il y portait la parole ; dites si quelques considérations ont jamais pu lui faire négliger la défense du faible que le puissant voulait opprimer[1] ; si le pauvre, à qui la cupidité du riche disputait les malheureux restes de ses dépouilles, n’a point trouvé en lui un soutien et un vengeur : dites avec quelle fermeté il protégeait la vertu poursuivie par le vice ;

  1. Le talent est peu de chose sans le courage qui le rend utile. M. Dupaty réunissait l’un et l’autre. Entre plusieurs faits qui pourraient être apportés en preuve, nous ne citerons que celui-ci.

    Un père de famille obscur et sans protection, est emprisonné par l’autorité injuste, qui souvent peut tout ce qu’elle veut dans les provinces. Le malheureux proteste devant le parlement contre la violence qui lui a été faite ; M. Dupaty, chargé de sa défense, comme avocat-général, fait tomber ses chaînes par son éloquence. Uniquement occupé des devoirs que lui impose sa charge, il ne songe pas même qu’il s’expose à la haine d’un favori courroucé.