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grand nombre de drames célèbres que l’on voit souvent, mais que l’on se garde bien de lire. Tandis que la foule se portera aux représentations de ces romans absurdes, ou le faste des déclamations philosophiques, les explosions d’une chaleur factice et le fracas des coups de théâtre redoublés, tiennent lieu des vraie et solides beautés qu’elle ne sçait point apprécier, les gens de goût se renfermeront avec Sydnei, et les reliront dans le silence du cabinet avec un plaisir toujours nouveau.

C’étoit la destinée de Gresset de cueillir, comme en passant, toutes les palmes que présente le théâtre. La comédie sembloit attendre depuis lontems un successeur aux grands écrivains qui l’avoient illustrée. La gaité et la délicatesse du génie françois, favorable à ce genre de productions, enfanta de tout tems de jolies pièces dignes d’amuser le loisir d’une nation spirituelle et polie : mais, ces comédies à caractères, ces magnifiques tableaux où les travers de l’esprit humain et les mœurs de la société sont dessinés à grands traits et peints avec autant de finesse que de profondeur ; ils furent toujours rares, même parmi nous, qui a remplacé Molière ? l’Autheur du Joueur et celui du Glorieux s’étoient placés assez prez de lui : mais à cette époque brillante n’ont succédé que des tems de stérilité. Nos plus illustres poètes ont échoué dans cette carrière ; Rousseau n’y fit que des chutes humiliantes ; Voltaire si léger, si gai, si ingénieux, si agréable, même dans les sujets les plus graves ; Voltaire si habile à manier la plaisanterie, à saisir et à peindre le ridicule, semble déploier partout le talent comique, excepté dans ses comédies. Cette étrange contrariété (pour le dire en passant), présente un phénomène digne de fixer l’attention d’un observateur éclairé, et qui lui fourniroit peut-être le plus sur moien de déterminer la trempe du génie de ce celebre Écrivain.

Quoi qu’il en soit, par tant de malheureuses tentatives, Voltaire prouva que la comédie exige de grandes ressources qui lui manquoient absolument, et, par un seul ouvrage,