combien un homme sans désirs est plus heureux que celui qui, méditant de subjuguer la terre, se prépare autant de revers que de succès.
O Fortune ! ton pouvoir est détruit si nous sommes sages : c'est à nos faiblesses que tu dois ta divinité. Veut-on savoir toutefois à quoi je borne le nécessaire ? A ce qui est assez pour garantir de la soif, de la faim et du froid. Contentez-vous de ce qui suffisait à Epicure dans son modeste jardin, et, avant lui, à Socrate au sein de ses pénates. Sur ce point, la nature est d'accord avec la raison. L'austérité de ces modèles vous paraît-elle trop rigoureuse ; tempérez-la, j'y consens, en y mêlant quelque chose de nos moeurs ; acquérez la somme exigée par la loi d'Othon pour qu'on puisse s'asseoir sur les quatorze gradins.
Votre front se ride ; vous faites la grimace ; doublez, triplez cette somme. Si vous n'êtes pas content, ni les trésors de Crésus, ni les richesses des rois de Perse, ni la fortune de Narcisse, à qui le faible Claude accorda tout, même la mort de son épouse, ne seraient pas capables d'assouvir votre cupidité.