Page:Œuvres complètes de Juvénal et de Perse, 1861.djvu/237

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Que m'importe ? répond-il. Va, je préfère une cosse de lupin aux stériles éloges que me prodigueraient les cantons d'alentour, si j'étais réduit en même temps à recueillir quelques épis de blé sur un coin de terre». Sans doute, les maladies, les infirmités t'épargneront ; tu éviteras les chagrins et les soucis, tu jouiras d'une vie plus longue et plus heureuse, si tu possèdes seul autant de champs cultivés qu'en labourait le peuple romain sous Tatius. Alors nos soldats, accablés sous le poids des ans, lorsque le glaive du Carthaginois, de Pyrrhus ou de ses Molosses les avait épargnés, recevaient à peine, pour prix de leurs nombreuses blessures, deux arpents de terre. C'était la récompense des fatigues et du sang versé dans les combats. Ils ne la trouvaient pas cependant au-dessous de leurs services : jamais ils n'accusèrent la patrie d'ingratitude. Ce petit champ nourrissait le père et sa famille, son épouse enceinte et quatre enfants en bas âge qui jouaient autour de leur mère, l'un né d'une esclave, les trois autres héritiers du maître. Après le repas ordinaire, un repas plus ample attendait les aînés au retour de la vigne ou des champs ; et le lait, épaissi par la farine, bouillonnait dans d'immenses bassins. Ces deux arpents ne suffisent pas aujourd'hui à nos jardins.

De là tous les crimes :