Où sont vos robes de l’année passée ?
On les a défaites.
Et pourquoi les a-t-on défaites ?
Parce qu’elles m’étaient trop petites.
Et pourquoi vous étaient-elles trop petites ?
Parce que j’ai grandi.
Grandirez-vous encore ?
Oh ! oui.
Et que deviennent les grandes filles ?
Elles deviennent femmes.
Et que deviennent les femmes ?
Elles deviennent mères.
Et les mères, que deviennent-elles ?
Elles deviennent vieilles.
Vous deviendrez donc vieille ?
Quand je serai mère.
Et que deviennent les vieilles gens ?
Je ne sais.
Qu’est devenu votre grand-papa ?
Il est mort[1].
Et pourquoi est-il mort ?
Parce qu’il était vieux.
Que deviennent donc les vieilles gens ?
Ils meurent.
Et, vous, quand vous serez vieille, que…
La petite, c
Oh ! ma bonne, je ne veux pas mourir.
Mon enfant, personne ne veut mourir, et tout le monde meurt.
Comment ! est-ce que maman mourra aussi !
Comme tout le monde. Les femmes vieillissent ainsi que les hommes, et la vieillesse mène à la mort.
Que faut-il faire pour vieillir bien tard ?
Vivre sagement tandis qu’on est jeune !
Ma bonne, je serai toujours sage.
Tant mieux pour vous. Mais, enfin, croyez-vous de vivre toujours ?
Quand je serai bien vieille, bien vieille…
Eh bien ?
Enfin, quand on est si vieille, vous dites qu’il faut bien mourir.
Vous mourrez donc une fois ?
Hélas ! oui.
Qui est-ce qui vivait avant vous ?
Mon père et ma mère.
- ↑ La petite dira cela parce qu’elle l’a entendu dire ; mais il faut vérifier si elle a quelque juste idée de la mort, car cette idée n’est pas si simple ni si à la portée des enfants que l’on pense. On peut voir, dans le petit poème d’Abel, un exemple de la manière dont on doit la leur donner. Ce charmant ouvrage respire une simplicité délicieuse dont on ne peut trop se nourrir pour converser avec les enfants.