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grâces et de charmes ; sa voix est suave comme le parfum des fleurs.

» Ainsi qu’un papillon qui voltige autour d’une fleur pour en aspirer les doux parfums, mon âme voltigeait autour de ses lèvres roses.

» Les boucles de ses cheveux noirs et sauvages tombaient sur sa douce figure ; et lorsque ses grands yeux me regardaient, ma respiration s’arrêtait.

» Lorsque ses grands yeux me regardaient, je restais comme enchaîné, et c’est à grand’peine que je me suis échappé de la montagne.

» Je me suis échappé de la montagne ; mais les regards de la belle dame me poursuivent partout ; ils me disent : Reviens, reviens !

» Le jour, je suis semblable à un pauvre spectre ; la nuit, ma vie se réveille, mon rêve me ramène auprès de ma belle dame ; elle est assise près de moi, et elle rit.

» Elle rit, si heureuse et si folle, et avec des dents si blanches ! Oh ! quand je songe à ce rire, mes larmes coulent aussitôt.

» Je l’aime d’un amour sans bornes. Il n’est pas de frein à cet amour ; c’est comme la chute d’un torrent dont on ne peut arrêter les flots.