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Bons chrétiens, ne vous laissez pas envelopper dans les filets de Satan ; c’est pour édifier votre âme que j’entonne la chanson du Tannhaeuser.

Le noble Tannhaeuser, ce brave chevalier, voulait goûter amours et plaisirs, et il se rendit à la montagne de Vénus, où il resta sept ans durant.

« — Ô Vénus, ma belle dame, je te fais mes adieux. Ma gracieuse mie, je ne veux plus demeurer avec toi ; tu vas me laisser partir. »

« — Tannhaeuser, mon brave chevalier, tu ne m’as pas embrassée aujourd’hui. Allons, viens vite m’embrasser, et dis-moi ce dont tu as à te plaindre.

» N’ai-je pas versé chaque jour dans ta coupe les vins les plus exquis, et n’ai-je pas chaque jour couronné ta tête de roses ? »

« — Ô Vénus, ma belle dame, tes vins exquis et les tendres baisers ont rassasié mon cœur ; j’ai soif de souffrances.