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LA MESSE DE L’ATHÉE.


CECI EST DÉDIÉ À AUGUSTE BORGET,
Par son ami
de Balzac.

Un médecin à qui la science doit une belle théorie physiologique, et qui, jeune encore, s’est placé parmi les célébrités de l’École de Paris, centre de lumières auquel les médecins de l’Europe rendent tous hommage, le docteur Bianchon a longtemps pratiqué la chirurgie avant de se livrer à la médecine. Ses premières études furent dirigées par un des plus grands chirurgiens français, par l’illustre Desplein, qui passa comme un météore dans la science. De l’aveu de ses ennemis, il enterra dans la tombe une méthode intransmissible. Comme tous les gens de génie, il était sans héritiers : il portait et emportait tout avec lui. La gloire des chirurgiens ressemble à celle des acteurs, qui n’existent que de leur vivant et dont le talent n’est plus appréciable dès qu’ils ont disparu. Les acteurs et les chirurgiens, comme aussi les grands chanteurs, comme les virtuoses qui décuplent par leur exécution la puissance de la musique, sont tous les héros du moment. Desplein offre la preuve de cette similitude entre la destinée de ces génies transitoires. Son nom, si célèbre hier, aujourd’hui presque oublié, restera dans sa spécialité sans en franchir les bornes. Mais ne faut-il pas des circonstances inouïes pour que le nom d’un savant passe de la science dans l’histoire générale de l’humanité ? Desplein avait-il cette universalité de connaissances qui fait d’un homme le verbe ou la figure d’un siècle ? Desplein possédait un divin coup d’œil : il pénétrait le ma-