En entendant le galop furieux du cheval de Gatien, madame de La Baudraye se jeta dans sa chambre où la suivit sa mère.
— Il n’y a rien à l’auberge, dit Gatien à Lousteau qui vint à sa rencontre.
— Et vous n’avez rien trouvé non plus au château d’Anzy, répondit Lousteau.
— Vous vous êtes moqués de moi, répliqua Gatien d’un petit ton sec.
— En plein, répondit Lousteau. Madame de La Baudraye a trouvé très-inconvenant que vous la suiviez sans en être prié. Croyez-moi, c’est un mauvais moyen pour séduire les femmes que de les ennuyer. Dinah vous a mystifié, vous l’avez fait rire, c’est un succès qu’aucun de vous n’a eu depuis treize ans auprès d’elle, et que vous devez à Bianchon. Oui, votre cousin est l’auteur du manuscrit !… Le cheval en reviendra-t-il ? demanda Lousteau plaisamment pendant que Gatien se demandait s’il devait ou non se fâcher.
— Le cheval !… répéta Gatien.
En ce moment madame de La Baudraye arriva, vêtue d’une robe de velours, et accompagnée de sa mère qui lançait à Lousteau des regards irrités. Devant Gatien, il était imprudent à Dinah de paraître froide ou sévère avec Lousteau qui, profitant de cette circonstance, offrit son bras à cette fausse Lucrèce ; mais elle le refusa.
— Voulez-vous renvoyer un homme qui vous a voué sa vie ? lui dit-il en marchant près d’elle, je vais rester à Sancerre et partir demain.
— Viens-tu, ma mère ? dit madame de La Baudraye à madame Piédefer en évitant ainsi de répondre à l’argument direct par lequel Lousteau la forçait à prendre un parti.
Le Parisien aida la mère à monter en voiture, il aida madame de La Baudraye en la prenant doucement par le bras, et il se plaça sur le devant avec Gatien, qui laissa le cheval à La Baudraye.
— Vous avez changé de robe, dit maladroitement Gatien à Dinah.
— Madame la baronne a été saisie par l’air frais de la Loire, répondit Lousteau, Bianchon lui a conseillé de se vêtir chaudement.
Dinah devint rouge comme un coquelicot, et madame Piédefer prit un visage sévère.