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LES PARISIENS EN PROVINCE : LA MUSE DU DÉPARTEMENT.

En ce moment où, comme un parterre impatient, les Sancerrois faisaient entendre des murmures, Lousteau vit Bianchon perdu dans une rêverie inspirée par l’enveloppe des épreuves.

— Qu’as-tu ? lui dit Étienne.

— Mais voici le plus joli roman du monde contenu dans une maculature qui enveloppait tes épreuves. Tiens, lis : Olympia ou les Vengeances romaines.

— Voyons, dit Lousteau en prenant le fragment de maculature que lui tendit le docteur, et il lut à haute voix ceci :

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OLYMPIA,


caverne. Rinaldo, s’indignant de la lâcheté de ses compagnons, qui n’avaient de courage qu’en plein air et n’osaient s’aventurer dans Rome, jeta sur eux un regard de mépris.

— Je suis donc seul !… leur dit-il.

Il parut penser, puis il reprit : — Vous êtes des misérables, j’irai seul, et j’aurai seul cette riche proie… vous m’entendez !… Adieu.

— Mon capitaine !… dit Lamberti, et si vous étiez pris sans avoir réussi ?…

— Dieu me protège !… reprit Rinaldo en montrant le ciel.

À ces mots, il sortit, et rencontra sur la route l’intendant de Bracciano

— La page est finie, dit Lousteau que tout le monde avait religieusement écouté.

— Il nous lit son ouvrage, dit Gatien au fils de madame Popinot-Chandier.

— D’après les premiers mots, il est évident, mesdames, reprit le journaliste en saisissant cette occasion de mystifier les Sancerrois, que les brigands sont dans une caverne. Quelle négligence mettaient alors les romanciers dans les détails, aujourd’hui si curieusement, si longuement observés, sous prétexte de couleur locale ! Si les voleurs sont dans une caverne, au lieu de : en montrant le ciel, il aurait fallu : en montrant la voûte. Malgré cette incorrection, Rinaldo me semble un homme d’exécution, et son apostrophe à Dieu sent l’Italie. Il y avait dans ce roman