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entendre relativement aux deux pièces de vin. Prenez-vous le Globe ?

— Je vais sur le Globe.

— M’appuyez-vous près des personnes influentes du canton ?

— J’appuie…

— Et…

— Et…

— Et je… Mais vous prenez un abonnement au Globe.

— Le Globe, bon journal, dit le fou, journal viager.

— Viager, monsieur ?… Eh ! oui, vous avez raison, il est plein de vie, de force, de science, bourré de science, bien conditionné, bien imprimé, bon teint, feutré. Ah ! ce n’est pas de la camelote, du colifichet, du papillotage, de la soie qui se déchire quand on la regarde ; c’est foncé, c’est des raisonnements que l’on peut méditer à son aise et qui font passer le temps très-agréablement au fond d’une campagne.

— Cela me va, répondit le fou.

— Le Globe coûte une bagatelle, quatre-vingts francs.

— Cela ne me va plus, dit le bonhomme.

— Monsieur, dit Gaudissart, vous avez nécessairement des petits-enfants ?

— Beaucoup, répondit Margaritis qui entendit, vous aimez au lieu de vous avez.

— Hé ! bien, le journal des Enfants, sept francs par an.

— Prenez mes deux pièces de vin, je vous prends un abonnement d’Enfants, ça me va, belle idée. Exploitation intellectuelle, l’enfant ?… n’est-ce pas l’homme par l’homme, hein ?

— Vous y êtes, monsieur, dit Gaudissart.

— J’y suis.

— Vous consentez donc à me piloter dans le canton ?

— Dans le canton.

— J’ai votre approbation ?

— Vous l’avez.

— Hé ! bien, monsieur, je prends vos deux pièces de vin, à cent francs…

— Non, non, cent dix.

— Monsieur, cent dix francs, soit, mais cent dix pour les capacités de la Doctrine, et cent francs pour moi. Je vous fais opérer une vente, vous me devez une commission.