venait à être renversé. Le payement de la prime suffit à consolider ainsi votre…
— Votre caisse, dit le fou en l’interrompant.
— Mais, naturellement, monsieur. Je vois que monsieur a été dans les affaires.
— Oui, dit le fou, j’ai fondé la Banque Territoriale de la rue des Fossés-Montmartre, à Paris, en 1798.
— Car, reprit Gaudissart, pour payer les capitaux intellectuels, que chacun se reconnaît et s’attribue, ne faut-il pas que la généralité des Assurés donne une certaine prime, trois pour cent, une annuité de trois pour cent ? Ainsi, par le payement d’une faible somme, d’une misère, vous garantissez votre famille des suites fâcheuses de votre mort.
— Mais je vis, dit le fou.
— Ah ! si vous vivez long-temps ! Voilà l’objection la plus communément faite, objection vulgaire, et vous comprenez que si nous ne l’avions pas prévue, foudroyée, nous ne serions pas dignes d’être… quoi ?… que sommes-nous, après tout ? les teneurs de livres du grand bureau des intelligences. Monsieur, je ne dis pas cela pour vous, mais je rencontre partout des gens qui ont la prétention d’apprendre quelque chose de nouveau, de révéler un raisonnement quelconque à des gens qui ont pâli sur une affaire !… ma parole d’honneur, cela fait pitié. Mais le monde est comme ça, je n’ai pas la prétention de le réformer. Votre objection, monsieur, est un non-sens…
— Quésaco ? dit Margaritis.
— Voici pourquoi. Si vous vivez et que vous ayez les moyens évalués dans votre charte d’assurance contre les chances de la mort, suivez bien…
— Je suis.
— Eh ! bien, vous avez réussi dans vos entreprises ! vous avez dû réussir précisément à cause de ladite charte d’assurance ; car vous avez doublé vos chances de succès en vous débarrassant de toutes les inquiétudes que l’on a quand on traîne avec soi une femme, des enfants que notre mort peut réduire à la plus affreuse misère. Si vous êtes arrivé, vous avez alors touché le capital intellectuel, pour lequel l’Assurance a été une bagatelle, une vraie bagatelle, une pure bagatelle.
— Excellente idée !