Page:Œuvres complètes de H. de Balzac, III.djvu/261

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vendu à quatre-vingt-sept, je me suis donc endetté de près de deux cent mille francs dès le premier mois de mon mariage. Il nous est resté soixante-sept mille livres de rente. Nous en avons constamment dépensé deux cent mille en sus. Joignez à ces neuf cent mille francs quelques intérêts usuraires, vous trouverez facilement un million.

— Bouffre ! fit le vieux notaire. Après ?

— Hé ! bien, j’ai d’abord voulu compléter à ma femme la parure qui se trouvait commencée avec le collier de perles agrafé par le Discreto, un diamant de famille, et par les boucles d’oreilles de sa mère. J’ai payé cent mille francs une couronne d’épis. Nous voici à onze cent mille francs. Je me trouve devoir la fortune de ma femme, qui s’élève aux trois cent cinquante-six mille francs de sa dot.

— Mais, dit Mathias, si madame la comtesse avait engagé ses diamants et vous vos revenus, vous auriez à mon compte trois cent mille francs avec lesquels vous pourriez apaiser vos créanciers…

— Quand un homme est tombé, Mathias, quand ses propriétés sont grevées d’hypothèques, quand sa femme prime les créanciers par ses reprises, quand enfin cet homme est sous le coup de cent mille francs de lettres de change qui s’acquitteront, je l’espère, par le haut prix auquel monteront mes biens, rien n’est possible. Et les frais d’expropriation donc ?

— Effroyable ! dit le notaire.

— Les saisies ont été converties heureusement en ventes volontaires, afin de couper le feu.

— Vendre Belle-Rose, s’écria Mathias, quand la récolte de 1825 est dans les caves !

— Je n’y puis rien.

— Belle-Rose vaut six cent mille francs.

— Natalie le rachètera, je le lui ai conseillé.

— Seize mille francs année commune, et des éventualités telles que 1825 ! Je pousserai moi-même Belle-Rose à sept cent mille francs, et chacune des fermes à cent vingt mille francs.

— Tant mieux, je serai quitte, si mon hôtel de Bordeaux peut se vendre deux cent mille francs.

— Solonet le paiera bien quelque chose de plus, il en a envie. Il se retire avec cent et quelques mille livres de rente gagnées à jouer sur les trois-six. Il a vendu son étude trois cent mille francs et il épouse une mulâtresse riche, Dieu sait à quoi elle a gagné son ar-