— Je n’aurais pas su, dit Paul, combien vous étiez grande et généreuse.
— Bien cela, Paul ! dit Natalie en lui serrant la main.
— Nous avons, dit madame Évangélista, plusieurs petites choses à régler, mon cher enfant. Ma fille et moi, nous sommes au-dessus de niaiseries auxquelles certaines gens tiennent beaucoup. Ainsi Natalie n’a nul besoin de diamants, je lui donne les miens.
— Ah ! chère mère, croyez-vous que je puisse les accepter ? s’écria Natalie.
— Oui, mon enfant, ils sont une condition du contrat.
— Je ne le veux pas, je ne me marierai pas, répondit vivement Natalie. Gardez ces pierreries que mon père prenait tant de plaisir à vous offrir. Comment monsieur Paul peut-il exiger… ?
— Tais-toi, chère fille, dit la mère dont les yeux se remplirent de larmes. Mon ignorance des affaires exige bien davantage !
— Quoi donc ?
— Je vais vendre mon hôtel pour m’acquitter de ce que je te dois.
— Que pouvez-vous me devoir, dit-elle, à moi qui vous dois la vie ? Puis-je m’acquitter jamais envers vous, moi ? Si mon mariage vous coûte le plus léger sacrifice, je ne veux pas me marier.
— Enfant !
— Chère Natalie, dit Paul, comprenez donc que ce n’est ni moi, ni votre mère, ni vous qui exigeons ces sacrifices, mais les enfants…
— Et si je ne me marie pas ? dit-elle en l’interrompant.
— Vous ne m’aimez donc point ? dit Paul.
— Allons, petite folle, crois-tu qu’un contrat soit un château de cartes sur lequel tu puisses souffler à plaisir ? Chère ignorante, tu ne sais pas combien nous avons eu de peine à bâtir un majorat à l’aîné de tes enfants ! Ne nous rejette pas dans les ennuis d’où nous sommes sortis.
— Pourquoi ruiner ma mère ? dit Natalie en regardant Paul.
— Pourquoi êtes-vous si riche ? répondit-il en souriant.
— Ne vous disputez pas trop, mes enfants, vous n’êtes pas encore mariés, dit madame Évangélista. Paul, reprit-elle, il ne faut donc ni corbeille, ni joyaux, ni trousseau ? Natalie a tout à profusion. Réservez plutôt l’argent que vous auriez mis à des cadeaux de noces, pour vous assurer à jamais un petit luxe intérieur. Je ne