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de spéculations à Bordeaux, que les placements en viager s’y négocient à des taux avantageux. Après avoir prélevé sur le prix de l’hôtel et du mobilier les cinquante mille écus que nous vous devrons, je crois pouvoir garantir à madame qu’il lui restera deux cent cinquante mille francs. Je me charge de mettre cette somme en rentes viagères par première hypothèque sur des biens valant un million, et d’en obtenir dix pour cent, vingt-cinq mille livres de rentes. Ainsi nous marions, à peu de chose près, des fortunes égales. En effet, contre vos quarante-six mille livres de rentes, mademoiselle Natalie apporte quarante mille livres de rentes en cinq pour cent, et cent cinquante mille francs en écus, susceptibles de donner sept mille livres de rentes : total, quarante-sept.

— Mais cela est évident, dit Paul.

En achevant sa phrase, maître Solonet avait jeté sur sa cliente un regard oblique, saisi par Mathias, et qui voulait dire : — Lancez la réserve.

— Mais ! s’écria madame Évangélista dans un accès de joie qui ne parut pas jouée, je puis donner à Natalie mes diamants, ils doivent valoir au moins cent mille francs.

— Nous pouvons les faire estimer, dit le notaire, et ceci change tout à fait la thèse. Rien ne s’oppose alors à ce que monsieur le comte reconnaisse avoir reçu l’intégralité des sommes revenant à mademoiselle Natalie de la succession de son père, et que les futurs époux n’entendent au contrat le compte de tutelle. Si madame, en se dépouillant avec une loyauté tout espagnole, remplit à cent mille francs près ses obligations, il est juste de lui donner quittance.

— Rien n’est plus juste, dit Paul, je suis seulement confus de ces procédés généreux.

— Ma fille, n’est-elle pas une autre moi ? dit madame Évangélista.

Maître Mathias aperçut une expression de joie sur la figure de madame Évangélista, quand elle vit les difficultés à peu près levées : cette joie et l’oubli des diamants qui arrivaient là comme des troupes fraîches lui confirmèrent tous ses soupçons.

— La scène était préparée entre eux, comme les joueurs préparent les cartes pour une partie où l’on ruinera quelque pigeon, se dit le vieux notaire. Ce pauvre enfant que j’ai vu naître sera-t-il donc plumé vif par sa belle-mère, rôti par l’amour et dévoré par