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taille, m’a serrée pour m’embrasser sur les joues et au front. — « Vous réparerez le chagrin que nous cause votre changement de vocation par les plaisirs que nous donneront vos succès dans le monde. — Savez-vous, madame, qu’elle sera fort jolie et que vous pourrez être fière d’elle un jour ? — Voici votre frère Rhétoré. — Alphonse, dit-il à un beau jeune homme qui est entré, voilà votre sœur la religieuse qui veut jeter le froc aux orties. »

Mon frère est venu sans trop se presser, m’a pris la main et me l’a serrée. — « Embrassez-la donc, » lui a dit le duc. Et il m’a baisée sur chaque joue. — « Je suis enchanté de vous voir, ma sœur, m’a-t-il dit, et je suis de votre parti contre mon père. » Je l’ai remercié ; mais il me semble qu’il aurait bien pu venir à Blois, quand il allait à Orléans voir notre frère le marquis à sa garnison. Je me suis retirée en craignant qu’il n’arrivât des étrangers. J’ai fait quelques rangements chez moi, j’ai mis sur le velours ponceau de la belle table tout ce qu’il me fallait pour t’écrire en songeant à ma nouvelle position.

Voilà, ma belle biche blanche, ni plus ni moins, comment les choses se sont passées au retour d’une jeune fille de dix-huit ans, après une absence de neuf années, dans une des plus illustres familles du royaume. Le voyage m’avait fatiguée, et aussi les émotions de ce retour en famille : je me suis donc couchée comme au couvent, à huit heures, après avoir soupé. L’on a conservé jusqu’à un petit couvert de porcelaine de Saxe que cette chère princesse gardait pour manger seule chez elle, quand elle en avait la fantaisie.




II

LA MÊME À LA MÊME.
25 novembre.


Le lendemain j’ai trouvé mon appartement mis en ordre et fait par le vieux Philippe, qui avait mis des fleurs dans les cornets. Enfin je me suis installée. Seulement personne n’avait songé qu’une pensionnaire des Carmélites a faim de bonne heure, et Rose a eu mille peines à me faire déjeuner. — « Mademoiselle s’est couchée