çaise à mon pays, à l’Europe. Mon nom te sera jeté par les cent voix de la Presse française !
« Oui, comme tu me le dis, je suis venu vieux à Besançon, et Besançon m’a vieilli encore ; mais, comme Sixte-Quint, je serai jeune le lendemain de mon élection. J’entrerai dans ma vraie vie, dans ma sphère. Ne serons-nous pas alors sur la même ligne ? Le comte Savaron de Savarus, ambassadeur je ne sais où, pourra certes épouser une princesse Soderini, la veuve du duc d’Argaiolo ! Le triomphe rajeunit les hommes conservés par d’incessantes luttes. Ô ma vie ! avec quelle joie ai-je sauté de ma bibliothèque à mon cabinet, devant ton cher portrait, à qui j’ai dit ces progrès avant de t’écrire ! Oui, mes voix à moi, celles du vicaire général, celles des gens que j’obligerai et celles de ce client, assurent déjà mon élection.
« Nous sommes entrés dans la douzième année, depuis l’heureuse soirée où, par un regard, la belle duchesse a ratifié les promesses de la proscrite Francesca. Ah ! chère, tu as trente-deux ans, et moi j’en ai trente-cinq ; le cher duc en a soixante dix-sept, c’est-à-dire à lui seul dix ans de plus que nous deux, et il continue à se bien porter ! Fais-lui mes compliments, et dis-lui que je lui donne encore trois ans. J’ai besoin de ce temps pour élever ma fortune à la hauteur de ton nom. Tu le vois, je suis gai, je ris aujourd’hui : voilà l’effet d’une espérance. Tristesse ou gaieté, tout me vient de toi. L’espoir de parvenir me remet toujours au lendemain du jour où je t’ai vue pour la première fois, où ma vie s’est unie avec la tienne comme la terre à la lumière ! Qual pianto que ces onze années, car nous voici au vingt-six décembre, anniversaire de mon arrivée dans ta villa du lac de Constance. Voici onze ans que je crie et que tu rayonnes !
« Non, chère, ne va pas à Milan, reste à Belgirate. Milan m’épouvante. Je n’aime ni ces affreuses habitudes milanaises de causer tous les soirs à la Scala avec une douzaine de personnes, parmi lesquelles il est difficile qu’on ne te dise pas quelque douceur. Pour moi, la solitude est comme ce morceau d’ambre au sein du-