en Droit, puis en Politique il a vaincu le libéralisme dans la personne du défenseur de notre hôtel de ville. « Nos adversaires, a dit notre avocat, ne doivent pas s’attendre à trouver partout de la complaisance pour ruiner les archevêchés… » Le président a été forcé de faire faire silence. Tous les Bisontins ont applaudi. Ainsi la propriété des bâtiments de l’ancien couvent reste au Chapitre de la cathédrale de Besançon. Monsieur Savaron a d’ailleurs invité son confrère de Paris à dîner au sortir du palais. En acceptant, celui-ci lui a dit : « À tout vainqueur tout honneur ! » et l’a félicité sans rancune sur son triomphe.
— Où donc avez-vous déniché cet avocat ? dit madame de Watteville. Je n’ai jamais entendu prononcer ce nom-là.
— Mais vous pouvez voir ses fenêtres d’ici, répondit le vicaire-général. Monsieur Savaron demeure rue du Perron, le jardin de sa maison est mur mitoyen avec le vôtre.
— Il n’est pas de la Comté, dit monsieur de Watteville.
— Il est si peu de quelque part, qu’on ne sait pas d’où il est, dit madame de Chavoncourt.
— Mais qu’est-il ? demanda madame de Watteville en prenant le bras de monsieur de Soulas pour se rendre à la salle à manger. S’il est étranger, par quel hasard est-il venu s’établir à Besançon ? C’est une idée bien singulière pour un avocat.
— Bien singulière ! répéta le jeune Amédée de Soulas dont la biographie devient nécessaire à l’intelligence de cette histoire.
De tout temps, la France et l’Angleterre ont fait un échange de futilités d’autant plus suivi, qu’il échappe à la tyrannie des douanes. La mode que nous appelons anglaise à Paris se nomme française à Londres, et réciproquement. L’inimitié des deux peuples cesse en deux points, sur la question des mots et sur celle du vêtement. God save the King, l’air national de l’Angleterre, est une musique faite par Lulli pour les chœurs d’Esther ou d’Athalie. Les paniers apportés par une Anglaise à Paris furent inventés à Londres, on sait pourquoi, par une Française, la fameuse duchesse de Portsmouth ; on commença par s’en moquer si bien que la première Anglaise qui parut aux Tuileries faillit être écrasée par la foule ; mais ils furent adoptés. Cette mode a tyrannisé les femmes de l’Europe pendant un demi-siècle. À la paix de 1815, on plaisanta durant une année les tailles longues des Anglaises, tout Paris alla voir Pothier et Brunet dans les Anglaises pour rire ; mais, en