Page:Œuvres complètes de Guy de Maupassant, XVI.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


— Mais, sacrebleu, prenez garde. Vous savez que je ne badine pas, moi, et que je peux vous faire sauter de votre place, mon bonhomme, et sans tarder encore. Et puis je suis le maire du pays, après tout ; et je vous ordonne maintenant de me rendre ce papier.

Le piéton répondit avec fermeté : « Non, je n’peux pas, m’sieu le maire ! »

Alors Renardet, perdant la tête, le saisit par les bras pour lui enlever son sac ; mais l’homme se débarrassa d’une secousse et, reculant, leva son gros bâton de houx. Il prononça, toujours calme : « Oh ! ne me touchez pas, m’sieu le maire, ou je cogne. Prenez garde. Je fais mon devoir, moi ! »

Se sentant perdu, Renardet, brusquement devint humble, doux, implorant comme un enfant qui pleure.

— Voyons, voyons, mon ami, rendez-moi cette lettre, je vous récompenserai, je vous donnerai de l’argent, tenez, tenez, je vous donnerai cent francs, vous entendez, cent francs.

L’homme tourna les talons et se mit en route.

Renardet le suivit, haletant, balbutiant :