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passer dessous sans être touché. C’était une bêtise, il l’avouait ; mais tout le monde a de ces minutes d’insanité et de ces tentations d’une stupidité puérile.

Il s’expliquait lentement, cherchant ses mots, la voix sourde ; puis il s’en alla en disant : « À demain, mes amis, à demain. »

Dès qu’il fut rentré dans sa chambre, il s’assit devant sa table, que sa lampe, coiffée d’un abat-jour, éclairait vivement, et, prenant son front entre ses mains, il se mit à pleurer.

Il pleura longtemps, puis s’essuya les yeux, releva la tête et regarda sa pendule. Il n’était pas encore six heures. Il pensa : « J’ai le temps avant le dîner », et il alla fermer sa porte à clef. Il revint alors s’asseoir devant sa table ; il fit sortir le tiroir du milieu, prit dedans un revolver et le posa sur ses papiers, en pleine clarté. L’acier de l’arme luisait, jetait des reflets pareils à des flammes.

Renardet le contempla quelque temps avec l’œil trouble d’un homme ivre ; puis il se leva et se mit à marcher.

Il allait d’un bout à l’autre de l’appartement, et de temps en temps s’arrêtait pour repartir aussitôt. Soudain, il ouvrit la porte de