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Le maire s’était levé. Il sonna afin qu’on lui apportât de l’eau chaude pour sa barbe. Il disait : « Volontiers ; mais ce sera assez long, et nous pouvons commencer tout de suite. »

M. Putoin s’était assis à cheval sur une chaise, continuant, même dans les appartements, sa manie d’équitation.

M. Renardet, à présent, se couvrait le menton de mousse blanche en se regardant dans la glace ; puis il aiguisa son rasoir sur le cuir et il reprit : « Le principal habitant de Carvelin s’appelle Joseph Renardet, maire, riche propriétaire, homme bourru qui bat les gardes et les cochers… »

Le juge d’instruction se mit à rire : « Cela suffit ; passons au suivant…

— Le second en importance est M. Pelledent, adjoint, éleveur de bœufs, également riche propriétaire, paysan madré, très sournois, très retors en toute question d’argent, mais incapable, à mon avis, d’avoir commis un tel forfait. »

M. Putoin dit : « Passons. »

Alors, tout en se rasant et se lavant, Renardet continua l’inspection morale de tous les habitants de Carvelin. Après deux heures