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rait fût bien marquée, et la situation bien établie.

Aussi, dès que l’enfant put comprendre, elle lui fit connaître son histoire et fit pénétrer tout doucement, même tendrement dans l’esprit de la petite, qu’elle était pour les Chantal une fille adoptive, recueillie, mais en somme une étrangère.

Claire comprit cette situation avec une singulière intelligence, avec un instinct surprenant ; et elle sut prendre et garder la place qui lui était laissée, avec tant de tact, de grâce et de gentillesse, qu’elle touchait mon père à le faire pleurer.

Ma mère elle-même fut tellement émue par la reconnaissance passionnée et le dévouement un peu craintif de cette mignonne et tendre créature, qu’elle se mit à l’appeler : « Ma fille. » Parfois quand la petite avait fait quelque chose de bon, de délicat, ma mère relevait ses lunettes sur son front, ce qui indiquait toujours une émotion chez elle et elle répétait : « Mais c’est une perle, une vraie perle, cette enfant ! » — Ce nom en resta à la petite Claire qui devint et demeura pour nous Mlle Perle.