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Théodule Sabot ne fut pas tranquille pendant toute la journée du lendemain. Il éprouvait quelque chose d’analogue à l’appréhension qu’on a quand on doit se faire arracher une dent. À tout moment cette pensée lui revenait : « Il faudra me confesser ce soir. » Et son âme troublée, une âme d’athée mal convaincu, s’affolait devant la peur confuse et puissante du mystère divin.

Il se dirigea vers le presbytère dès qu’il eut fini son travail. Le curé l’attendait dans le jardin en lisant son bréviaire le long d’une petite allée. Il semblait radieux et l’aborda avec un gros rire :

— Eh bien ! nous y voilà. Entrez, entrez, monsieur Sabot, on ne vous mangera pas.

Et Sabot passa le premier. Il balbutia :

— Si ça ne vous faisait rien je s’rais d’avis d’terminer incontinent not’p’tite affaire.

Le curé répondit :

— À votre service. J’ai là mon surplis. Une minute et je vous écoute.

Le menuisier, ému à ne plus avoir deux idées, le regardait se couvrir du blanc vêtement à plis pressés. Le prêtre lui fit un signe :

— Mettez-vous à genoux sur ce coussin.

Sabot restait debout, honteux d’avoir à s’agenouiller. Il bredouilla :

— C’est-il bien utile ?