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par manière de plaisanterie : « En voilà un qui vient d’avaler son bon Dieu sur le zinc. »

Le prêtre, un gros homme, très grand aussi, le redoutait à cause de sa blague, qui lui faisait des partisans. L’abbé Maritime était un homme politique, ami des moyens habiles. La lutte entre eux durait depuis dix ans, lutte secrète, acharnée, incessante. Sabot était conseiller municipal. On croyait qu’il serait maire, ce qui constituerait certainement la défaite définitive de l’Église.

Les élections allaient avoir lieu. Le camp religieux tremblait dans Martinville. Or, un matin, le curé partit pour Rouen, annonçant à sa servante qu’il allait à l’archevêché.

Il revint deux jours plus tard. Il avait l’air joyeux, triomphant. Et tout le monde sut le lendemain que le chœur de l’église allait être refait à neuf. Une somme de six cents francs avait été donnée par Monseigneur sur sa cassette particulière.

Toutes les anciennes stalles de sapin devaient être détruites et remplacées par des stalles nouvelles en cœur de chêne. C’était un travail de menuiserie considérable dont on parlait, le soir même, dans toutes les maisons.

Théodule Sabot ne riait pas.

Quand il sortit le lendemain par le village,