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sur un meuble, sur le bras d’un fauteuil, partout. Je fuyais surtout pour ne point l’entendre crier, lui ; car il criait à tout propos, quand on le changeait, quand on le lavait, quand on le touchait, quand on le couchait, quand on le levait, sans cesse.

J’avais fait quelques connaissances et je rencontrai dans un salon celle qui devait être votre mère. J’en devins amoureux, et le désir de l’épouser s’éveilla en moi. Je lui fis la cour ; je la demandai en mariage ; on me l’accorda.

Et je me trouvai pris dans ce piège. — Épouser, ayant un enfant, cette jeune fille que j’adorais — ou bien dire la vérité et renoncer à elle, au bonheur, à l’avenir, à tout, car ses parents, gens rigides et scrupuleux, ne me l’auraient point donnée, s’ils avaient su.

Je passai un mois horrible d’angoisse, de tortures morales ; un mois où mille pensées affreuses me hantèrent ; et je sentais grandir en moi une haine contre mon fils, contre ce petit morceau de chair vivante et criante qui barrait ma route, coupait ma vie, me condamnait à une existence sans attente, sans tous ces espoirs vagues qui font charmante la jeunesse.

Mais voilà que la mère de ma compagne