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pour les pauvres et distraire les jeunes gens par mille moyens.

Elle était fort élégante et fort coquette, cependant, mais d’une coquetterie platonique et d’une élégance charmante de province, car c’était une provinciale cette petite femme-là, une provinciale exquise.

Messieurs les écrivains qui sont tous parisiens nous chantent la Parisienne sur tous les tons, parce qu’ils ne connaissent qu’elle, mais je déclare, moi ! que la provinciale vaut cent fois plus, quand elle est de qualité supérieure.

La provinciale fine a une allure toute particulière, plus discrète que celle de la Parisienne, plus humble, qui ne promet rien et donne beaucoup, tandis que la Parisienne, la plupart du temps, promet beaucoup et ne donne rien au déshabillé.

La Parisienne, c’est le triomphe élégant et effronté du faux. La provinciale, c’est la modestie du vrai.

Une petite provinciale délurée, avec son air de bourgeoise alerte, sa candeur trompeuse de pensionnaire, son sourire qui ne dit rien, et ses bonnes petites passions adroites, mais tenaces, doit montrer mille fois plus de ruse, de souplesse, d’invention féminine que toutes les Parisiennes réunies, pour arriver à satisfaire ses goûts, ou ses vices, sans éveiller