— Moi ?… Mais vous ne m’avez rien demandé. Ce n’était pas à moi de vous faire une déclaration !
Alors il fit un pas vers elle :
— Dites-moi… dites-moi… Vous rappelez-vous ce jour où Sandres s’est endormi sur l’herbe après déjeuner… où nous avons été ensemble, jusqu’au tournant, là-bas…
Il attendit. Elle avait cessé de rire et le regardait dans les yeux :
— Mais certainement, je me le rappelle.
Il reprit en frissonnant :
— Eh bien… ce jour-là… si j’avais été… si j’avais été… entreprenant… qu’est-ce que vous auriez fait ?
Elle se mit à sourire en femme heureuse qui ne regrette rien, et elle répondit franchement, d’une voix claire où pointait une ironie :
— J’aurais cédé, mon ami.
Puis elle tourna ses talons et s’enfuit vers ses confitures.
Saval ressortit dans la rue, atterré comme après un désastre. Il filait à grands pas sous la pluie, droit devant lui, descendant vers la rivière, sans songer où il allait. Quand il arriva sur la berge, il tourna à droite et la suivit. Il marcha longtemps, comme poussé par un instinct. Ses vêtements ruisselaient