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— « Oh ! monsieur, vô comprené le nature d’une fâçon palpitante. »

Je rougis, ma foi, plus ému par ce compliment que s’il fût venu d’une reine. J’étais séduit, conquis, vaincu. Je l’aurais embrassée, parole d’honneur !

Je m’assis à table à côté d’elle, comme toujours. Pour la première fois elle parla, continuant à haute voix sa pensée : « Oh ! j’aimé tant le nature ! »

Je lui offris du pain, de l’eau, du vin. Elle acceptait maintenant avec un petit sourire de momie. Et je commençai à causer paysage.

Après le repas, nous étant levés ensemble, nous nous mîmes à marcher à travers la cour ; puis, attiré sans doute par l’incendie formidable que le soleil couchant allumait sur la mer, j’ouvris la barrière qui donnait vers la falaise, et nous voilà partis, côte à côte, contents comme deux personnes qui viennent de se comprendre et de se pénétrer.

C’était un soir tiède, amolli, un de ces soirs de bien-être où la chair et l’esprit sont heureux. Tout est jouissance et tout est charme. L’air tiède, embaumé, plein de senteurs d’herbes et de senteurs d’algues, caresse l’odorat de son parfum sauvage, caresse le palais de sa saveur marine, caresse l’esprit de sa douceur pénétrante. Nous allions maintenant