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son mari rentra du bureau, Cora lui baisa les favoris avec plus de câlinerie que de coutume, et elle lui murmura dans l’oreille :

– « Tu vas peut-être me gronder ?

– « Pourquoi ça ?

– « C’est que… M. Maze est venu pour me voir tantôt. Et moi, comme je ne veux pas qu’on jase sur mon compte, je l’ai prié de ne jamais se présenter quand tu ne serais pas là. Il a paru un peu froissé ! »

Lesable, surpris, demanda :

– « Eh bien ! qu’est-ce qu’il a dit ?

– « Oh ! il n’a pas dit grand-chose, seulement cela ne m’a pas plu tout de même, et je l’ai prié alors de cesser complètement ses visites. Tu sais bien que c’est papa et toi qui l’aviez amené ici, moi je n’y suis pour rien. Aussi, je craignais de te mécontenter en lui fermant la porte. »

Une joie reconnaissante entrait dans le cœur de son mari :

« Tu as bien fait, très bien fait. Et même je t’en remercie. »

Elle reprit, pour bien établir la situation des deux hommes, qu’elle avait réglée d’avance : « Au bureau, tu feras semblant de ne rien savoir, et tu lui parleras comme par le passé : seulement il ne viendra plus ici. »

Et Lesable, prenant avec tendresse sa