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blessé dans toutes ses vanités, il voulut frapper au cœur son ennemi, et reprit d’un ton protecteur, d’un ton de conseiller bienveillant, avec une rage dans les yeux : « Mon cher Lesable, vous passez les bornes. Je comprends d’ailleurs votre dépit ; il est fâcheux de perdre une fortune et de la perdre pour si peu, pour une chose si facile, si simple… Tenez, si vous voulez, je vous rendrai ce service-là, moi, pour rien, en bon camarade. C’est l’affaire de cinq minutes… »

Il parlait encore, il reçut en pleine poitrine l’encrier du père Savon que Lesable lui lançait. Un flot d’encre lui couvrit le visage, le métamorphosant en nègre avec une rapidité surprenante. Il s’élança, roulant des yeux blancs, la main levée pour frapper. Mais Cachelin couvrit son gendre, arrêtant à bras-le-corps le grand Maze, et, le bousculant, le secouant, le bourrant de coups, il le rejeta contre le mur. Maze se dégagea d’un effort violent, ouvrit la porte, cria vers les deux hommes : « Vous allez avoir de mes nouvelles ! » et il disparut.

Pitolet et Boissel le suivirent. Boissel expliqua sa modération, par la crainte qu’il avait eue de tuer quelqu’un en prenant part à la lutte.

Aussitôt rentré dans son bureau, Maze