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sur le premier que le hasard lui désignerait.

Lesable balbutia : « Je ne comprends pas. À quoi n’ai-je pas réussi ? »

Le beau Maze laissa retomber un des côtés de sa redingote pour se friser la moustache et, d’un ton gracieux : « Je sais que vous réussissez d’ordinaire à tout ce que vous entreprenez. Donc, j’ai eu tort de parler de vous. D’ailleurs, il s’agissait des enfants de papa Savon et non des vôtres, puisque vous n’en avez pas. Or, puisque vous réussissez dans vos entreprises, il est évident que si vous n’avez pas d’enfants, c’est que vous n’en avez pas voulu. »

Lesable demanda rudement : « De quoi vous mêlez-vous ? »

Devant ce ton provocant, Maze, à son tour, haussa la voix : « Dites donc, vous, qu’est-ce qui vous prend ? Tâchez d’être poli, ou vous aurez affaire à moi ! »

Mais Lesable tremblait de colère, et perdant toute mesure : « Monsieur Maze, je ne suis pas, comme vous, un grand fat, ni un grand beau. Et je vous prie désormais de ne jamais m’adresser la parole. Je ne me soucie ni de vous ni de vos semblables. » Et il jetait un regard de défi vers Pitolet et Boissel.

Maze avait soudain compris que la vraie force est dans le calme et l’ironie ; mais,