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Devoye environ ung patard,
Car à present bien m’en advise,
Quant chicanner me feit Denise,
Disant que l’avoye mauldite ;
Pour son ame, qu’ès cieulx soit mise !
Ceste Oraison j’ay cy escripte.


BALLADE ET ORAISON

Père Noé, qui plantastes la vigne ;
Vous aussi, Loth, qui bustes au rocher,
Par tel party qu’Amour, qui gens engigne,
De vos filles si vous feit approcher,
Pas ne le dy pour le vous reprocher,
Architriclin, qui bien sceustes cest art,
Tous trois vous pry qu’o vous veuillez percher
L’ame du bon feu maistre Jehan Cotard !

Jadis extraict il fut de vostre ligne,
Luy qui beuvoit du meilleur et plus cher ;
Et ne deust-il avoir vaillant ung pigne,
Certes, sur tous, c’estoit un bon archer ;
On ne luy sceut pot des mains arracher,
Car de bien boire oncques ne fut faitard.
Nobles seigneurs, ne souffrez empescher
L’ame du bon feu maistre Jehan Cotard !

Comme un viellart qui chancelle et trepign
L’ay veu souvent, quand il s’alloit coucher ;
Et une foys il se feit une bigne,
Bien m’en souvient, à l’estal d’ung boucher.