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D’ung mortier, ung chapeau de feautre ;
De viel machefer, que fust peaultre ;
D’ambesas, que ce fussent ternes…
Toujours trompant ou moy ou aultre,
Et vendoit vessies pour lanternes.

LVIII.

Du ciel, une poisle d’arain ;
Des nues, une peau de veau ;
Du matin, qu’estoit le serain ;
D’un trongnon de chou, ung naveau ;
D’orde cervoise, vin nouveau ;
D’une truie, ung molin à vent ;
Et d’une hart, ung escheveau ;
D’un gras abbé, ung poursuyvant.

LIX.

Ainsi m’ont amours abusé,
Et pourmené de l’uys au pesle.
Je croy qu’homme n’est si rusé,
Fust fin comme argent de crepelle,
Qui n’y laissast linge et drapelle,
Mais qu’il fust ainsi manyé
Comme moy, qui partout m’appelle :
L’Amant remys et renyé.

LX.

Je renye Amours et despite ;
Je deffie à feu et à sang.
Mort par elles me precipite,
Et si ne leur vault pas d’ung blanc.
Ma vielle ay mys soubz le banc ;
Amans je ne suyvray jamais ;
Se jadis je fuz de leur ranc,
Je declaire que n’en suys mais.