Page:Œuvres complètes de François Villon.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les ames desquelz Dieu embrasse,
On n’y voyt couronnes ne sceptres.

XXXVI.

De pouvreté me guermentant,
Souventesfoys me dit le cueur :
« Homme, ne te doulouse tant
Et ne demaine tel douleur,
Se tu n’as tant qu’eust Jacques Cueur.
Myeulx vault vivre soubz gros bureaux
Pauvre, qu’avoir esté seigneur
Et pourrir soubz riches tumbeaux ! »

XXXVII.

Qu’avoir esté seigneur !… Que dys ?
Seigneur, lasse ! ne l’est-il mais !
Selon ce que d’aulcun en dict,
Son lieu ne congnoistra jamais.
Quant du surplus, je m’en desmectz.
Il n’appartient à moy, pecheur ;
Aux theologiens le remectz,
Car c’est office de prescheur.

XXXVIII.

Si ne suys, bien le considère,
Filz d’ange, portant dyadème
D’etoille ne d’autre sydère.
Mon pere est mort, Dieu en ayt l’ame,
Quant est du corps, il gyst soubz lame…
J’entends que ma mère mourra,
Et le sçait bien, la pauvre femme ;
Et le filz pas ne demourra.