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CLÉMENT MAROT AUX LECTEURS.

Roys pour le Roy, homs pour homme, compaing pour compaignon ; aussi force pluriers pour singuliers et plusieurs autres incongruitez dont estoit plain le langaige mal lymé d’icelluy temps.

Après, quand il s’est trouvé faulte de vers entiers, j’ay prins peine de les refaire au plus près (selon mon possible) de l’intention de l’autheur, et les trouverez expressement marquez de cette marque, afin que ceulx qui les sçauront en la sorte que Villon les fist effacent les nouveaulx pour faire place aux vieulx.

Oultre plus, les termes et vers qui estoient interposez, trouverez reduictz en leurs places ; les lignes trop courtes, allongées ; les trop longues acoursies ; les mots obmys, remys ; les adjoutez ostez, et les tiltres myeux attiltrez.

Finablement j’ay changé l’ordre du livre, et m’a semblé plus raisonnable de le faire commencer par le Petit Testament, d’autant qu’il fut faict cinq ans avant l’autre.

Touchant le Jargon, je le laisse à corriger et exposer aux successeurs de Villon en l’art de la pinse et du croq.

Et si quelqu’un d’adventure veult dire que tout ne soit racoustré ainsi qu’il appartient, je luy respons dès maintenant que, s’il estoit autant navré en sa personne comme j’ay trouvé Villon blessé en ses Œuvres, il n’y a si expert chirurgien qui le sceust panser sans apparence de cicatrice ; et me suffira que le labeur que ce j’ay employé soit agreable au Roy mon souverain, qui est cause et motif de ceste emprise et de l’execution d’icelle, pour l’avoir veu voulontiers escouter et par très bon jugement estimer plusieurs passages des Œuvres qui s’ensuyvent.